Scrum agit, CMMi observe. scrum et cmmi billet 4

Donc cette fameuse question : Scrum et CMMi sont-ils antinomiques ? ou sont-ils complémentaires ?

Si l’on en croit le fameux article de Jeff Sutherland Scrum and CMMI Level 5: The Magic Potion for Code Warriors, que vous retrouverez traduit ici grâce à Fabrice Aimetti (merci à lui), la réponse est oui, mille fois oui. Mais bon, il s’agit d’une entreprise CMMi niveau 5 (ça ne court pas les rues dans le coin, je ne parle pas de telle ou telle SSII qui s’est fait tamponner niveau 5 sur son groupuscule indien de 10 développeurs et qui étend magiquement le macaron à l’ensemble de son groupe…). Si tant est que ayez la chance de travailler dans une structure CMMi niveau 5, je suppose qu’elles sont rares celles qui implémentent Scrum ou Lean comme dans l’exemple de Jeff Sutherland.

Mais il n’empêche je suis assez d’accord pour dire, selon mon expérience personnelle que les deux se complètent bien, car je vois bien dans ma pratique personnelle que selon les besoins je me tourne soit vers l’agilité (Scrum/XP) soit vers CMMi. Alors dans quels cas ? Puisque c’est cela la question.

Pour résumer : je me tourne vers l’agilité dès qu’il s’agit de produire, de créer, donc de réaliser des projets. Je me tourne vers CMMi dès que je dois auditer. Normal, rien de surprenant. C’est une joyeuse lapalissade. CMMi est un modèle, Scrum est une méthode. Les mots sont importants, une méthode, c’est un ensemble de procédés raisonnés pour faire une chose ;  un modèle c’est une représentation, en informatique (pour CMMi) des structures, des traitements, de pratiques… Une représentation c’est aussi une image, un tableau, une photo prise à l’instant T. La temporalité (oh là là on va m’accuser de branlette intellectuelle, mais que voulez vous j’ai fait fac de lettres ) est différente : action (mouvement, durée) du côté de Scrum, représentation (état, analyse, définition, instant présent) du côté de CMMi.

Naturellement dans l’entreprise les deux sont requis : l’action (création de valeur : les projets etc.), la représentation (indicateurs, analyse, consolidation, etc.). La difficulté est que les deux se situent sur des plans différents et ne sont pas forcément réalisés par les mêmes personnes, ni comme on l’a vu dans le même rythme. Le scrummaster (allez disons le chef de projet), les développeurs, etc. sont dans l’action ; le management (pour utiliser un mot chapeau facile) consolide, analyse à un niveau macro (le Scrummaster consolide et analyse au niveau de son projet !). Rien n’est demandé par exemple spécifiquement au membre de l’équipe scrum concernant l’utilisation de son temps. Il fait parti de l’équipe et il participe (constamment) au projet. Pourtant on comprend bien qu’il devra saisir à un moment ou à un autre son temps passé sur tel ou tel projet dans un outil de consolidation groupe. Je me rappelle aussi d’un projet Scrum qui avait très bien marché et sur lequel on me demande une consolidation tâche/planning dans un cadre CMMi. En forme de pied de nez j’ai remis les photos des radiateurs au fil des jours (c’est une bonne pratique de prendre ses radiateurs en photo tous les jours) mais cela n’est pas vraiment une bonne réponse à la question qui m’était posée j’en conviens car c’est assez inexploitable en l’état… Il faut donc que l’agilité ait l’intelligence de fournir à des modèles comme CMMi les informations nécessaires (je pense que tout l’outillage XP est un premier pont important. Il va donner des métriques importants). En contrepartie il ne faut pas que l’inertie, le côté statique du modèle, vienne rompre le rythme et le dynamisme du projet Agile.

Il faut essayer de réaliser des convergences c’est tout l’enjeu. CMMi sera demandeur, et Scrum fournisseur. A mes yeux on a un pris le chemin en sens inverse : aujourd’hui c’est Scrum qui vient dynamiter l’inertie de CMMi dans les sociétés. C’est plutôt CMMi qui devrait venir consolider les processus Scrum déjà en place. Consolider en donnant des indicateurs forts qui permettront de mieux mener les projets agiles sans les déranger par ailleurs. Une convergence riche d’enseignement mais qui tient sur un équilibre probablement fragile.