XP2011, feedback 12 mai

Après un retour sur le 11 mai, je reviens sur cette deuxième journée de conférence à XP2011 Madrid, le 12 mai 2011.

Cette seconde journée est entamée par la keynote de Brian Marick (signataire du manifeste agile). Et donc, comment dire, ce fut très bien. Très engagé politiquement. C’est globalement ce que je retiendrai *personnellement* de ces deux keynotes. Un engagement politique marqué, même si Esther Derby avec ses aiguilles et son tricot dans le hall de l’hôtel ne paraissait pas particulièrement subversive. Pour Brian Marick c’est plus évident, il défend beaucoup certains concepts et penseurs sur l’anarchisme, il se moque de Bush, explique le choc entre l’entreprise et l’agilité et parle de colonisation. Où comment l’agile doit résister à la colonisation de l’entreprise.

Plusieurs concepts clefs dans son discours : une économie du don (gift economy), c’est à dire des relations basées sur le don. En tant que product owner je te fais don de certaines choses, d’une certaine liberté, et en échange je sais que tu me feras don toi aussi de certaines choses. Cette relation étant largement plus sociale que les aspects négociations/transactionnels actuels. Cela me fait *personnellement* penser à un petit bouquin dont j’ai pu parlé précédemment sur le karmic management. Ensuite une prédisposition à la réaction (stance of reaction) : pour cela il nous fera tous danser le tango argentin et nous apprendra que dans cette danse le partenaire ne sait pas quel sera le prochain pas du meneur. Il doit se tenir prêt, prédisposer à réagir. Ici l’article de Marick à ce sujet. (Ralph ce fut un plaisir de danser avec toi). Enfin comme je le disais pas mal de réflexion sur des questions d’anthropologie qu’il rattache à des mouvements anarchistes de résistance à l’ordre, à la colonisation(Marick pourrait être un personnage de Brazil).

Pour finir Marick rappelle que lorsque l’agile est apparu les gens l’ont trouvé étrange, bizarre (weird). Et que probablement c’était bon signe, qu’il faut garder l’agile bizarre (c’est pour lui une garantie de sa résistance à l’ordre établi, c’est ainsi que je l’analyse). Cette keynote de Marick était le grand moment de XP2011 a priori (même si j’ai été gêné par toutes les croix religieuses qui ornaient trop souvent ses slides… mon côté anarchiste peut-être). Une autre anecdote qu’il convient de rappeler il me semble : Marick explique après avoir signé le manifeste qu’il va essayer d’appliquer ces idées dans une entreprise (réelle, vraie), mais que la résistance est énorme et que donc a) soit vous êtes écrasés et vous rentrez dans le moule peu ou proue, b) soit vous fuyez bosser dans un coin isolé, seul, tranquille. C’est le choix B qu’a suivi Marick si j’ai bien compris.

J’ai donc enchaîné la journée en suivant Marick. Erreur ! Je suis tombé dans un piège de techos XP assoiffés de code, une discussion impromptue sur les tests. Sujet très intéressant au demeurant mais qui là a tourné à une discussion ouverte pas assez structurée. Quelques informations intéressantes malgré tout : je ne suis *vraiment* plus un dev/IT ;  tous les types de tests sont souvent mal nommés :  unitaires, intégration, d’acceptation, sont des mots compliqués et des pièges pour les appliquer dans la vie de tous les jours. Je suis assez d’accord avec ce feedback, j’ai souvent pas mal de souci avec cette terminologie. Enfin, la bonne pratique théorique reste souvent un voeux pieux : à tous les gens de la session Marick demande : quand il y a une erreur que va-t-on voir d’abord : le test ou le code, et bien la très grande majorité va voir le code…(y compris Marick).

Autres faits marquants encore dans ma journée : une session de Elizabeth Keogh sur le BDD. Intéressant cette façon de traiter les problèmes de façon plus radicale (c’est à dire à la source) et de mettre en évidence les objectifs sous-jacents (subgoals). (Je rappelle aussi mon plaisir à constater que les femmes ont une part importante dans ce XP2011 avec la présence et les interventions de Elisabeth Keogh, Esther Derby, Kati Vikki, Mary Poppendieck).

J’ai joué au Last responsible moment game avec Olaf Lewitz !

Et puis gros morceau nous avons parlé ALE et de l’organisation de cette première conférence à Berlin en septembre.  Le dynamisme et l’optimisme de Olaf Lewitz emporte tout sur son passage et se traduit par une réelle efficacité. A méditer. La session suivante : au bar, avec Jurgen Appelo, Ken Power, Michael Leber, Marc Clemens et Julian ?? a permis de discuter encore de l’organisation de ALE et de comment organiser un réseau de ce type sans gouvernance en mode “command & control”. Malgré l’animosité apparente mais comique du serveur, le bar reste une valeur sûre pour des discussions et des idées (à moins que la taille du groupe ne s’y prêtait particulièrement…?).

Pour finir mon XP 2011 s’est terminé au restaurant avec Jurgen Appelo, Marc Clemens, Ken Power, André Dhondt, Michael Leber, Olaf Lewitz et une ou deux autres personnes dont je ne saisis plus le nom. Ce fut très sympa et globalement participer à une conférence où tout le monde est ouvert et aimable est en soit une belle chose (que je vais retrouver à sudweb quelques semaines après).

Attention cependant quand Olaf Lewitz vous agrippe dans ses immenses bras pour vous dire “à bientôt” il faut penser à respirer un bon coup avant.